Politique migratoire dans le monde

Quelles politiques migratoires dans le monde ?

Quelles politiques migratoires dans le monde ?

A l’heure ou la politique migratoire est un sujet politique brulant en France, quelles sont les mesures migratoires appliquées dans le monde pour attirer ou refuser les immigrés ?

Le manque de main d’œuvre dans certains secteurs clés ou une population vieillissante contraignent différents pays à attirer des étrangers pour soutenir leur croissance. Mais les populations sont inhospitalières à l’égard des migrants : déclassement social, « grand remplacement », peur de l’islam. Un véritable casse-tête pour les gouvernants : quelle est la situation dans le monde ?

États-Unis : l’assouplissement

L’administration Biden juge que l’immigration est une force pour les Etats-Unis. Avec l’annulation de nombreux textes de l’ère Trump, des millions de personnes déjà installées aux Etats Unis pourraient obtenir leur naturalisation.

La mesure symbolique adoptée récemment est la création d’une mission pour réunir les familles séparées à la frontière mexicaine. La nouvelle administration travaille avec différents pays d’Amérique centrale pour contenir l’immigration illégale en travaillant notamment sur les causes du départ. Les démocrates ont également proposé de distribuer les 400 000 cartes de résident permanent à ajouter aux 140 000 permis de résidence permanente qui doivent théoriquement être émis en 2022.

Certaines villes peu cotées des États-Unis, comme Topeka, au Kansas, ou Savannah, dans l’État de Géorgie, proposent une aide à l’installation allant jusqu’à 15 000 dollars. 

Canada : les incitations financières

Au Canada voisin, le gouvernement du Québec prévoit de recruter des infirmières à l’étranger et cible particulièrement la France. Le 23 septembre dernier, le gouvernement annonçait des incitations financières totalisant 690 millions d’euros pour recruter le plus rapidement possible 4 300 infirmières et convaincre celles déjà en poste de rester.

La ville de Toronto a misé sur l’implantation d’entreprises étrangères pour attirer la main d’œuvre qualifiée. La ville se hisse au premier rang pour la croissance de l’emploi dans le secteur de la haute technologie, selon un classement établi par CBRE.   Elle a connu une croissance de l’emploi de 26 %. On y retrouve les implantations des grandes marques comme Google, Amazon, Netflix, Reddit, TikTok, DoorDash, Uber, Pinterest et Wayfair.

Le Québec compte accueillir bien plus d’étrangers en 2022, ne serait-ce que pour rattraper les retards de recrutement liés à la pandémie. Le Québec accueillera donc jusqu’à 52 500 étrangers en 2022. Certains secteurs, comme le secteur manufacturier, réclament une ouverture encore plus importante.

Le Canada et les États-Unis interdisent la pratique consistant à permettre aux migrants d’entrer dans un pays avec un visa de voyage et de demander le statut de réfugié à la frontière de l’autre pays via l’Accord sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis.

Australie : le permis à point

70 % des immigrés en Australie sont des travailleurs qualifiés, souvent plus jeunes, plus diplômés que les Australiens de souche. Ces immigrés y sont un moteur essentiel. D’après une étude des ministères de l’Intérieur et des Finances, 65 % des 850 000 emplois créés en cinq ans l’ont été par des résidents étrangers.

L’Australe est l’un des pays les plus cosmopolites au monde avec une population de 25,4 millions , doublée en 40 ans. 29,6 % des habitants sont nés à l’étranger. Cette part est nettement supérieure à la France (12,5 %) et au Royaume-Uni (13,8 %). L’origine britannique a longtemps été majoritaire. Elle est désormais dépassée par les immigrés venus de Chine, d’Inde, des Philippines ou du Vietnam.

Le modèle australien est une formule de permis à point, qui sont attribués en fonction de multiples critères, tels que l’âge du candidat, ses diplômes, son expérience professionnelle ou son niveau de maîtrise de l’anglais. Le but est de répondre aux besoins des entreprises locales pour favoriser le développement de cet immense pays.

En revanche, la politique australienne est draconienne en matière d’immigration illégale. Le gouvernement a opté pour la tolérance zéro. Les bateaux de migrants étaient systématiquement refoulés par les bâtiments de la marine australienne

Europe : des politiques migratoires contrastées

La nouvelle loi pour l’immigration ouvre les portes de l’Allemagne aux ressortissants des pays tiers souhaitant travailler dans les domaines tels de la santé ou l’informatique. Les portes de la Bundesrepublik s’ouvrent désormais aux travailleurs qualifiés.

Allemagne : terre d’accueil

Les personnes ayant une formation professionnelle et disposant d’un minimum de ressources ontsix mois pour trouver un emploi. Dans les professions où il y a un grave manque de travailleurs qualifiés, dans les domainesinformatique ou médical, il suffit qu’ un engagement professionnel ait été pris.

En vertu de la Convention de Genève, la République fédérale d’Allemagne est tenue d’accepter les personnes fuyant les persécutions en provenance d’autres pays.

L’Allemagne est le pays d’immigration le plus populaire en Europe. La condition pour obtenir un permis de travail est que les candidats étrangers doivent avoir un minimum de connaissances linguistiques en allemand.

Portugal : changer d’image

Le Portugal veut changer l’image d’un pays qui se résume au tourisme et aux avantages fiscaux. La politique officielle pour attirer des immigrants mise sur le numérique, et l’aura d’un pays tourné vers les nouvelles technologies.

C’est ainsi que Google implante un centre de support technique dans le grand Lisbonne, pour créer 535 dans 7 000 mètres carrés de bureaux modernes dès le mois de juin 2022. Le géant américain prévoit à terme la création de 2 000 emplois.

Amazon négocie depuis un an l’implantation à Porto d’un centre de services pour créer 250 emplois qualifiés. Jeff Bezos projette d’investir dans un immeuble du quartier portuan de Boavista où son groupe profiterait du dynamisme créatif du nord du Portugal.

Une nouvelle passion mondiale : attirer les nomades numériques.

Ces expatriés pourraient être 1 milliard d’ici à 2050 selon la Banque interaméricaine.

En Géorgie, un programme a été créé pour inciter les nomades numériques à venir dans le pays pour au moins un an et à profiter du coût de la vie particulièrement bas de Tbilissi, la capitale. Le programme « Travaille à distance depuis la Géorgie » a déjà séduit plus de 2 000 expatriés en mars dernier.

Depuis le 1er janvier, la Croatie propose pour sa part des permis de séjour spécifiques d’un an aux télétravailleurs non européens. L’idée a été reprise en Espagne, où le gouvernement a proposé de mettre en place un visa spécial nomades numériques, qui doit encore être étudié par le Parlement.

En Italie, les villes de Rieti et de Santa Fiora, toutes deux peinant à garder leur population, ont quant à elles annoncé une aide aux travailleurs à distance prêts à s’y installer qui se traduit par une ristourne sur les loyers.

La Thaïlande propose un visa de quatre ans pour les travailleurs à distance. Bali va encore plus loin, en incitant les nomades numériques à rester jusqu’à cinq ans sur l’île.

Actuellement, plus de 80 millions de personnes dans le monde ont dû quitter leur foyer pour fuir la guerre, les persécutions ou les conflits, presque la moitié étant des moins de 18 ans. Un quart d’entre eux se réfugient dans d’autres pays. Plus de 30 millions ont fui les conséquences du changement climatique en 2020, et le nombre de personnes déplacées ne cesse d’augmenter chaque année. Actuellement, 86% des personnes déracinées vivent dans des pays en développement, l’Allemagne étant le seul pays européen parmi les principaux états en accueil de réfugiés.

André Perrissel

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